Qui sommes-nous et quels objectifs visons-nous à travers ce site ?

Cette association est née de l’initiative de deux enseignants belges, Jacques et Linda, afin de créer un lieu de partage, de diffusion, de communication à propos des usages du numérique dans notre société et plus particulièrement à l’école. En cours de route, Manu s’est joint à l’équipe. Fin août 2021, NumEthic a été enregistré sous la forme d’une association sans but lucratif, sous le numéro 0772.742.283.

  • Présidente: Linda Doria (linda arobase numethic point education)
  • Secrétaire: Jacques Theys (jacques arobase numethic point education)
  • Trésorier: Manuel Tondeur (manuel arobase numethic point education)

Ni techno-rabat-joies, ni techno-enthousiastes, nous souhaitons développer une posture techno-critique. Le terme « critique » ici est employé dans le sens de « qui est capable de discernement, de jugement ». Afin d’acquérir cette aptitude de discernement, il nous parait essentiel de cultiver les connaissances qui lui sont nécessaires, c’est pourquoi nous militons / œuvrons à travers ce site et nos actions en faveur d’un développement de ces connaissances à l’école aussi bien pour les enseignants que pour leurs élèves.

NumEthic a pour vocation de
  • sensibiliser aux questions relatives à l’emploi d’un numérique éthique à l’école,
  • mettre en évidence des outils alternatifs fonctionnels, congruents, respectueux et responsables,
  • créer une communauté / un collectif de personnes (de tous horizons) dont les préoccupations rejoignent celles mises à l’honneur sur ce site. Si vous souhaitez rejoindre ce collectif, n’hésitez pas à nous envoyer un message,
  • mettre sur pied des actions concrètes (formation, journées de rencontre…).

Pour un numérique éthique

Nommer notre site « numethic » pourrait nous faire passer pour des personnes prétentieuses, qui se pensent à même de poser le cadre de ce qui est éthique et de ce qui ne l’est pas en termes de numérique… or, notre souhait n’est pas d’avoir un discours normatif, ni moralisateur, mais d’ouvrir une brèche à la réflexion et d’être dans une démarche de questionnement par rapport au sujet qui nous anime et qui est à l’origine de ce site, le numérique à l’école.

Qu’entend-on par éthique ? Un numérique respectueux de l’intégrité intellectuelle, morale, psychique de tout un chacun en particulier l’élève ; un numérique sobre et responsable qui se soucie des questions environnementales, démocratiques, citoyennes, humaines…

Jacques Ellul disait que la technique mène le monde bien plus que la politique et l’économie. En effet, la technologie n’est pas neutre, c’est tout le contraire d’ailleurs. Il ne faut pas perdre cela de vue.

Pour un numérique libre

Ce que l’on entend par « numérique libre » est un numérique permettant un usage non privateur.

Les logiciels libres garantissent aux usagers des libertés fondamentales (utiliser, copier, étudier, voire modifier le logiciel ainsi que redistribuer les versions modifiées). Celles-ci sont des conditions sine qua non pour garantir les libertés de chacun. Cependant, comme le fait remarquer le collectif Faire École Ensemble dans le compte rendu de ces « Intervention aux États généraux du numérique pour l’éducation » (5/11/20) si « l’usage des logiciels libres et l’accès aux communs sont gratuits […] leur production, leur qualité, leur accessibilité et leur pérennisation ont un coût : la contribution. » C’est pourquoi, le caractère « libre » du numérique va de pair avec celui de « numérique en commun ».

Pour un numérique en commun

Le terme commun tel que nous l’employons renvoie à la notion de « bien commun », c’est-à-dire une ressource matérielle ou immatérielle autour de laquelle s’organise une communauté humaine en vue à la fois d’en perpétuer l’existence, d’en assurer la gestion et d’en partager la gouvernance. Si l’école souhaite être cohérente avec ses missions, elle se doit de considérer le numérique en tant que commun et ainsi développer un usage du numérique basé sur la coopération, le partage et la prise en charge de sa gouvernance. Louise Merzeau et Hélène Mulot précisent qu’afin de « repenser [le numérique] comme un environnement à investir et transformer collectivement […] l’institution scolaire doit se départir d’une conception instrumentale du numérique, formatant les élèves en utilisateurs dociles. »1 Cette dernière recommandation va de pair avec les réflexions et les actions que ce site tente de porter.

À l’école

L’école devrait se préoccuper de sa souveraineté numérique. Cette notion complexe mériterait que nous lui consacrions tout un article, mais pour faire bref disons que l’école doit être, et rester, apte à maîtriser les technologies qu’elle emploie (et qu’elle donne à utiliser à son personnel et à ses élèves) d’un point de vue économique, social et technologique… Ce qui est loin d’être le cas lorsque, par exemple, les élèves d’une école sont priés d’utiliser un certain type de logiciel propriétaire ou d’utiliser un certain type de service en ligne commercial pour stocker leurs devoirs et travaux… Qu’il s’agisse d’un logiciel installé dans l’ordinateur ou utilisé à distance via un service en ligne, si ce dernier est propriétaire, son code source n’est pas accessible et est insondable. Il n’est donc pas possible de savoir de quoi il est fait, ce qui engendre une perte d’autonomie, de maîtrise et une cession (la plupart du temps non consciente) de nos libertés fondamentales (vie privée, expression, choix…)

Aussi, en choisissant d’utiliser exclusivement des outils émanant des géants du numériques, l’école favorise

  • le lock-in c’est-à-dire une forme de fidélisation forcée, un enfermement propriétaire qui induit une dépendance des consommateurs vis-à-vis de certains services,
  • la consommation passive des TIC sans remise en question possible,
  • l’enrichissement de sociétés monopolistiques qui font jusqu’à aujourd’hui de l’évasion fiscale,
  • la non-gouvernance/maîtrise de ses outils, de ses ressources et de ses données…

Il nous semble que l’école devrait plutôt

  • mettre les élèves en capacité d’agir dans la société en les rendant aptes à prendre en main les outils les plus émancipateurs et les plus congruents par rapport à leurs valeurs et besoins,
  • privilégier la diversité de ces outils et la créativité dans leurs usages,
  • privilégier la posture de producteur/contributeur à celle d’utilisateur/consommateur,
  • développer les aptitudes et les postures permettant à tout un chacun de contribuer au développement des outils numériques,
  • rendre capable d’exercer le discernement technologique,
  • éduquer au numérique à travers les outils technologiques qu’elle donne à utiliser aux élèves pour ainsi pratiquer le questionnement sur ceux-ci…

Enfin, l’école pour être cohérente avec elle-même devrait choisir des outils qui vont dans le sens des missions qu’elle se donne. Ainsi, si elle souhaite  » préparer tous les élèves à être des citoyens responsables, capables de contribuer au développement d’une société démocratique, solidaire, pluraliste et ouverte aux autres cultures « et si elle veut « assurer à tous les élèves des chances égales d’émancipation sociale »,2 elle se doit d’être attentive à ces questions et de mettre en œuvre des solutions pour employer un numérique éthique et éduquer au numérique.

Pour une éducation au numérique (et pas que par le numérique)

Ces derniers mois, nous avons assisté à une importante accélération de l’usage du numérique à l’école. Les différents confinements ont rendu les outils numériques indispensables à la continuité pédagogique et ont servi de catalyseur à une marche quasi forcée vers la numérisation généralisée de l’enseignement. Ainsi, il est devenu urgent pour toutes les institutions scolaires d’outiller les élèves pour que cela soit possible. Le but premier de cette démarche est d’utiliser le numérique pour apprendre, ce que l’on appelle en FWB « éduquer par le numérique », mais il est rarement question d’apprendre à propos du numérique, c’est-à-dire de faire du numérique un objet à observer, à questionner, c’est-à-dire d’éduquer au numérique.

Bien que nous soyons personnellement des adeptes et des défenseurs des logiciels libres et que nous estimions qu’ils représentent les outils les plus adéquats et éthiques à utiliser à l’école, nous pensons qu’il est intéressant, pertinent de rester ouvert à l’utilisation de tous les outils pour autant que nous amenions les élèves à questionner chacun d’entre eux sur leur provenance, ce qu’ils permettent, leur interopérabilité, l’accessibilité à leur code source, leur modèle économique… et ainsi faire de l’éducation au numérique à travers l’éducation par le numérique.

Questionner les médias que l’on donne à voir, à utiliser est une démarche préconisée pour faire de l’éducation aux médias (EAM) de façon générale. Cette EAM étant envisagée de manière transversale dans notre enseignement, cela représente une opportunité pour chaque enseignant de pouvoir questionner tous les médias qu’il exploite dans son cours, qu’il s’agisse de livres, vidéos, films, affiches, œuvres d’art ou en l’occurrence de technologies de l’information et de la communication (TIC) numériques tel que des sites internet, ou encore des logiciels.

1Merzeau, L. & Mulot, H. (2017). Les communs : levier pour l’enseignement (du) numérique à l’école. Hermès, La Revue, 78, 193-200. https://doi.org/10.3917/herm.078.0193

2 Les objectifs généraux de l’enseignement fondamental et de l’enseignement secondaire du décret Missions.