À des centaines de kilomètres des discours actuels qui prônent la numérisation à toute vitesse de notre système d’enseignement et la mise à disposition d’un ordinateur portable à chaque élève, une étude réalisée par McKinsey en 2017 mérite qu’on s’y attarde un peu.
Cette étude révèle, en effet, un phénomène qui va à l’encontre des promesses des promoteurs du numérique généralisé:
Partout en Europe, on relève que certains outils éducatifs numériques, comme les ordinateurs portables, les tablettes ou les liseuses, semblent en réalité dégrader les performances des élèves.
https://www.mckinsey.com/~/media/mckinsey/industries/public%20and%20social%20sector/our%20insights/drivers%20of%20student%20performance%20insights%20from%20europe/drivers-of-student-performance-europe-execsumm-french-vf.pdf
L’étude poursuit en affirmant que ce sont les outils numériques à destination des enseignants (projecteur en classe par exemple) qui apportent le meilleur bénéfice à l’apprentissage.
Les auteurs de l’étude reconnaissent que l’évolution rapide des technologies pourrait changer les choses. Néanmoins, a-t-on réfléchi aux impacts des technologies de l’information sur les apprentissage ? Y a-t-il eu concertation avec les acteurs de terrain quant aux besoins réels qu’ils rencontrent ? Y a-t-il eu prise en compte des aspects écologiques (autant d’ordinateurs représentent de colossales quantités de matières premières, de terres rares, et une consommation énorme d’énergie) ? A-t-on calculé le coût bénéfice/risque ? Est-ce pertinent de consacrer des sommes énormes dans l’achat de matériel qui pourrait se révéler, au mieux inutile et au pire délétère, alors que notre système d’enseignement manque cruellement d’enseignants et que ses infrastructures se dégradent ?
Encore une fois, il ne s’agit pas de faire le procès à charge du numérique éducatif, mais simplement de réfléchir avant d’agir, se poser les questions « qu’est-ce qui marche réellement ? », « a-t-on besoin de cela ? », « est-ce que cela justifie une telle dépense ? »